Monteverdi par Alarcon : Messe Haute

FESTIVAL – En grands habitués de ce programme, La Cappella Mediterranea et le Chœur de Chambre de Namur se réunissent à nouveau autour de Leonardo García Alarcón pour une représentation des Vêpres de Monteverdi, monument de la musique Baroque. Sur le sommet qu’est La Chaise-Dieu, même un mardi (27 août), cela vaut bien une Messe :

Dans l’abbatiale illuminée de toute part, les fidèles (de la musique et du festival) s’apprêtent à vivre un « office » musical dédié à l’un des joyaux de la musique sacrée : les Vespro della beata Vergine de Claudio Monteverdi. Une telle œuvre, véritable mosaïque sonore, exige un aréopage de choix. Et c’est précisément ce qu’offre Leonardo García Alarcón, entouré de ses disciples habituels : La Cappella Mediterranea et le Chœur de Chambre de Namur. Tout est en place pour que la cérémonie opère.

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Le chœur entre en procession par l’allée centrale, et le ténor Valerio Contaldo entonne un glorieux « Domine ad adjuvandum » (Seigneur, à me secourir [hâtez-vous]), soutenu par de puissantes sacqueboutes (ancêtre du trombone). Les frissons ne tardent pas à parcourir l’auditoire, témoignant non pas d’un froid glacial, mais d’une électricité palpable et même d’un feu sacré.

© Bertrand Pichène – Festival de La Chaise-Dieu
De soliste …

Chose non annoncée cependant, un changement dans la distribution : la soprano Francesca Boncompagni, appelée à remplacer Mariana Flores (retenue par les stigmates d’une laryngite) marque par son interprétation tout en finesse, presque angélique. Son style se distingue nettement de celui de Flores, mais loin de détonner, il s’intègre comme une nouvelle nuance à la palette d’ensemble. En sa bonne compagnie, le timbre lumineux et l’intonation parfaite de Gwendoline Blondeel autorisent un duo harmonieux.

Toutefois du côté des ténors, l’interprétation est plus contrastée : Pierre-Antoine Chaumien, malgré la douceur de son timbre, semble quelque peu entravé. Une mâchoire trop sollicitée et crispée affecte sa prononciation, et ses consonnes se perdent, notamment dans les passages exigeants comme le « Laetatus sum » (Je suis dans la joie). Là, l’absence de Mariana Flores se fait sentir, surtout lors de l’Illuc enim (Car là), qui manque de la précision attendue.

Heureusement, Valerio Contaldo, chanteur d’exception, habitué d’Alarcón et de Monteverdi (programmé en Évangéliste et Orfeo avec les mêmes ensembles très prochainement), capte l’attention avec une articulation maîtrisée et des nuances impeccables. Le jeu d’écho entre les deux ténors fonctionne cependant à merveille, la douceur du timbre de Pierre-Antoine Chaumien seyant alors pleinement. Perché à la tribune de l’orgue, il survole l’auditoire.

… À choriste.

Alarcón, lorsque son chœur se déplace pour chanter dans les stalles, abandonne sa battue parfois fantaisiste pour une direction d’une clarté saisissante, si agréable que le spectateur pourrait presque se mettre à chanter avec eux, pris d’un élan de folie ou touché par l’Esprit (de la musique). C’est d’ailleurs ce que font les sept solistes, rejoignant le chœur dès qu’ils le peuvent.

Le pupitre de baryton se distingue par son homogénéité, offrant une assise solide et chaleureuse à la musique. À l’inverse, les sopranos apportent précision et clarté, et le chœur vibre. Le son d’ensemble est, comme souvent sous sa direction, remarquable. On aurait même souhaité que toute la soirée se poursuive dans cette configuration, où la lisibilité musicale atteint un équilibre rare. De choriste à soliste, donc, car chacun le devient ici, jusqu’à ce que l’ensemble des voix résonne ensemble, comme lors des derniers accords du « Nisi Dominus« .

Puis, trop rapidement, le concert se conclut avec un « Magnificat » d’une beauté humble et pieuse. Et alors que les orgues résonnent une dernière fois dans l’obscurité soudaine, une pensée traverse les esprits : si des percussions avaient accompagné cette pièce, ce serait sans doute les cloches du paradis que nous aurions entendues.

À écouter : 
Vespro della Beata Vergine, Leonardo García Alarcón, Cappella Mediterranea, Chœur de Chambre de Namur, aux éditions Ambronay

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