AccueilA la UneProses, ou l’universelle poésie au Châtelet

Proses, ou l’universelle poésie au Châtelet

COMPTE-RENDU – Deux rappeuses et un quatuor à cordes, ça se passe lors du nouveau Festival Urban ce 11 octobre 2024 au Théâtre du Châtelet. À l’honneur, deux femmes, la culture urbaine, le rap et le partage. Alors, qu’est-ce qu’on en dit ?

Le mélange, c’est tendance

Rappelez-vous en juillet dernier, Aya Nakamura, la Garde républicaine et Charles Aznavour devant l’Académie Française. Histoires de mixité culturelle ! Avouez c’était sympa …

Eh bien ce soir, c’est dans cette lignée que nous retrouvons Proses, Volume 1, production de la Cité internationale de la langue française de Villers-Cotterêts : Rap sur fond de quatuor à cordes, ça en jette, c’est moderne, bref, c’est Urban Châtelet

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L’image est forte : deux femmes noires, micro à la main, puissantes et confiantes sur cette scène si marquée par la tradition. Belle performance de leur part, elles emportent leur public, réveillent les murs, secouent la norme. 

Politiquement, c’est géant, musicalement c’est encore mieux. Cette symbiose entre l’absolu de l’histoire culturelle française et la modernité des beats, du rap, du flow rythmé des textes, c’est iconique, et purée, qu’est-ce que ça fonctionne bien !

Récital, nm : Spectacle musical démodé consacré à un seul genre.

Récital de demain, dira-t-on, à la croisée des disciplines et des identités. Pour une fois, sur scène, on a du vrai. Vicky R et Le Juiice présentent chacune leur tour des titres personnels, sincères, émouvants. Elles se livrent à nous, excellent d’agilité rimique, manient les rythmes comme personne, le tout épaulées par un étonnant orchestre : Piano, PC, autotune et quatuor à cordes. Car oui, encore une fois, l’autotune (qui modifie les hauteurs de notes en temps réel) est bien un instrument, ici au service de l’esthétique rap des deux chanteuses.

Parlons d’ailleurs de cet orchestre : conduit par Issam Krimi, directeur artistique et musical du projet, il compose d’habiles arrangements, à la croisée des mondes. Ensemble, ils visitent le rap français, rendent hommage à Kendrick Lamar, figure déjà-mythique du rap américain, font un détour par l’Amérique Latine où ils croisent quelques rythmes reggaeton, de samba, reviennent dire bonjour à la chanson française et à Vivaldi, le tout en passant par un peu de jazz, évidemment. 

Cette troupe d’apparence si éclectique est pourtant unie par une idée commune, lisible sur chacun des visages sur scène : un langage universel, celui de la musique, qui se partage sans limite.

Les artistes glissent d’ailleurs un bel hommage à la ville de Beyrouth, qu’on sait actuellement sous les bombes, et où le spectacle Proses aurait dû tourner très prochainement. Parlons de poésie …

Mais le message est passé, et de la richesse de cette association sort un spectacle fort, identitaire, porteur d’espoir pour un monde torturé. 

“Vous chantiez ? Eh bien ! Dansez maintenant.”

Alors, de la politique, on est rappelés à l’essence de la création : le changement perpétuel, l’amour, le partage. Et surtout, l’humanité. Car ce soir, dans la salle, c’est particulièrement humain. Doudounes, basket, paillettes et joggings sont assortis aux rires, selfies et hourras, la salle est en effervescence. Les deux rappeuses le sentent, l’ambiance s’électrise alors qu’elles arpentent la scène, sciant les préjugés à coup de groove savamment manié.

Le Châtelet est en feu, bien loin de sa démographie assignée. Beau parti pris de la direction d’Olivier Py d’ailleurs, celui de s’engager de manière plurielle, en programmant des concerts plus alternatifs, associé à Paul Rondin, le directeur de la Cité internationale de la langue française. Celui-ci veut ”retrouver un esprit d’aventure dans la culture”, ressusciter la dynamique des années Lang, quand l’honneur était aux initiatives et à l’innovation. Et avec Urban Châtelet, on y est. Maintenant, à suivre ! 

Et si dans les années 70, lorsqu’on parlait des publics hors circuit classique, on parlait de “non public”, et bien, fi ! Ce soir, celui du Châtelet nous rit au nez. Enfin, quelle ambiance !

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