DANSE – Dans la lignée de son exposition évènement à la Philharmonie de Paris en 2022, François Gautret « l’archiviste du Hip-Hop » nous offre un voyage immersif à 360° dans l’histoire de cette culture urbaine.
Sur la scène du Théâtre du Châtelet, pendant 17 jours, le Hip-Hop Show retrace 50 ans d’expressions artistiques qui décoiffent, du Bronx à Paris 2024.
Une fresque chronologique à 360° en trois temps
Pendant 1h30, le public est plongé au cœur d’une fresque chronologique rythmée par des performances époustouflantes de danseurs, graffeurs, beatmakers et beatboxers. La mise en scène de Leïla Sy et les créations musicales de Niko Noki, Miss DJ Glo, DJ Fly, 22Nesto nous transportent à travers les différentes époques et disciplines du hip-hop, tandis que les chorégraphies de Xavier Plutus, Saïdo Lehlouh et Marion Motin célèbrent la virtuosité et l’énergie débordante de ces artistes pluridisciplinaires.
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Le spectacle Hip-Hop 360 propose un dispositif scénique unique qui place le public au cœur de l’action. Assis sur des gradins installés sur la scène, les spectateurs se retrouvent immergés dans un décor à 360°. Des écrans géants intercalés entre les gradins, diffusent des images d’archives et des références artistiques emblématiques, souvent cinématographique : Les Guerriers de la nuit (1979), E.T., l’extra-terrestre (1982), Breakin’ (1984), La Haine (1995), Yamakasi (2001), ou bien le documentaire Allons enfants ! (2021). Divisée en trois grandes parties distinctes, cette fresque chronologique explore à chaque fois une période charnière de cette culture urbaine mettant en lumière ses évolutions majeures et ses figures emblématiques américaines et françaises.
Acte I : Années 1970-80 – Naissance d’un genre aux Etats-Unis
Chorégraphié par Xavier Plutus, l’un des pionniers du break en France, cet acte nous transporte dans les rues du Bronx, à New York, où le hip-hop est né comme une expression artistique et sociale des communautés afro-américaines, caribéennes et latinos. Un nouveau vocabulaire corporel est inventé sous l’influence de films cultes comme The Warriors ou Flashdance imprégnant les jeunes générations, qui reproduisent les gestes et les façons de bouger. C’est aussi l’émergence d’un nouveau style vestimentaire et de nouvelles pratiques artistiques telles que le break, le roller, le BMX (Bicycle Motocross – sport extrême cycliste), le DJing (techniques des DJ pour produire des sons) ou encore le graffiti. Le Hip-Hop joue alors un rôle essentiel pour l’affirmation de soi et de contestation sociale.
Acte II : Années 90-2000 : Du soleil de la Côté-Ouest à la grisaille de la banlieue parisienne
Après une introduction percutante, direction Los Angeles avec ses palmiers et son soleil brûlant, où la culture urbaine s’épanouit au bord des plages. La deuxième partie chorégraphiée par Saïdo Lehlouh met en scène l’émergence du « freestyle ball », un style de basket débridé, qui s’est répandu aujourd’hui sur tous les terrains du monde. Des danseurs et basketteurs surgissent sur scène maniant le ballon avec une dextérité incroyable tout en jouant et dansant sans jamais perdre le rythme. Un clin d’œil au film mythique : White men can’t jump ne fait que renforcer l’atmosphère festive et dynamique de ce tableau. Rollers, ballons, BMX, breakdance : on ne sait plus où porter le regard…
Après cette escapade colorée, l’atmosphère change radicalement lorsqu’on débarque dans les banlieues françaises du début des années 90 avec des cages métalliques pour décor. Le film La Haine sert de toile de fond à une exploration des tensions sociales et de la violence qui marquent ces quartiers. La phrase culte « Mais l’important c’est pas la chute, c’est l’atterrissage » résonne dans la salle tandis que le DJ Cut Killer impose un rythme intense aux platines. Les danseurs dévisagent intensément les spectateurs créant une tension palpable dans l’espace. Chaque mouvement, chaque regard traduit la complexité des relations.
La tension redescend progressivement tandis que des extraits des films Taxi et Yamasaki sont projetés. En parallèle, des performances spectaculaires s’enchaînent démontrant l’aspect sportif du Hip-Hop : des « head spinz » époustouflantes où les danseurs tournoient sur leurs têtes pendant plusieurs secondes laissant le public pantois face à leur maîtrise technique.
Acte III : une explosion globale et inclusive grâce aux réseaux sociaux et aux JO
Chorégraphié par Marion Motin, l’acte III explore la mondialisation du Hip-Hop et son incroyable diversification en une multitude de styles et de sous-cultures, traversant les continents grâce aux réseaux sociaux, de l’Afrique aux favelas brésiliennes en passant par l’Asie et la Grèce. À travers l’écran d’un smartphone, les danseurs se défient dans des battles endiablées le temps d’un live Instagram, rythmées par les commentaires du public, qui défilent en direct. Cette mise en scène interactive illustre magistralement l’appropriation du hip-hop par tous, quelle que soit l’origine sociale, la couleur de peau ou la morphologie. Une danse universelle qui invite chacun à s’exprimer librement avec son propre corps. Bref une discipline populaire accessible à tous et pas réservée à une élite.
Que vous soyez un néophyte ou un spécialiste du hip-hop, ce show vous transportera dans un univers vibrant et inclusif, invitant même le public à se lever et à partager la scène avec les artistes pour chanter et danser tous ensemble lors d’un finale en apothéose. Les enfants quant à eux, pourront faire de la corde à sauter géante. Ce spectacle arrive à point nommé pour célébrer les valeurs universelles de tolérance et d’inclusion, défendues depuis toujours par la culture hip-hop. Un rendez-vous au Théâtre du Châtelet à ne pas manquer pour vivre un moment de partage autour de cet art populaire.