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Dolly au Lido : Broadway plein champs !

COMÉDIE MUSICALE – L’arrivée de « Hello Dolly ! » au Lido 2 Paris marque un tournant pour la scène musicale parisienne. Cette nouvelle production, fidèle à l’œuvre originale, a su parfaitement capturer l’essence même de l’atmosphère enchanteresse de La Belle Époque : un musical pétillant porté par des numéros qui nous donnent une envie irrésistible de danser et chanter. Parce que Paris est une fête.

Hello Dolly ! est encore aujourd’hui une de ces comédies musicales phares de Broadway qui, même 60 ans après sa création, continue d’enchanter le public. Adaptée de la pièce The Matchmaker de Thorton Wilder (1938), ce musical créé en 1964, alliant la partition de Jerry Herman au livret de Michael Stewart, nous offre une vision idéalisée de la Belle Époque. 

Dolly : l’arrangeuse arrangée

1890, New-York – L’intrigue suit la flamboyante Dolly Levi, une veuve au bagout intarissable, reconvertie en marieuse professionnelle, mais qui poursuit un objectif bien personnel : épouser en secondes noces Horace Vandergelder, un épicier fortuné et terriblement grincheux. L’ironie du destin veut que ce dernier fasse appel aux services de Dolly pour trouver son épouse. 

Roublarde à souhait, Dolly joue un double jeu : tout en prétendant chercher l’âme sœur pour son client, elle s’emploie à saboter habilement chacune des rencontres qu’elle a elle-même organisées. Bref elle est prête à tout pour épouser son riche épicer. En même temps, elle joue les bienfaitrices auprès des deux commis d’Horace, Cornélius et Barnabé ainsi que d’Ermengarde, sa nièce. Entre manipulations et quiproquos savoureux, la fin est écrite d’avance car c’est une comédie musicale « feel-good » qui célèbre avant tout l’amour. 

Si l’histoire peut paraître naïve et remplie de stéréotypes complètement datés (la femme vénale cherchant à épouser un homme riche), le spectacle conserve malgré tout son charme grâce à un humour irrésistible. Les tableaux cocasses sont nombreux, comme ces scènes où Dolly distribue ses cartes de visite pour proposer des services d’entremetteuses.

Broadway, dans les clous

Le chorégraphe Stephen Mear, déjà connu du public parisien pour ses productions On the Town, Chantons sous la pluie et 42nd Street signe la mise en scène de cette nouvelle version de Hello Dolly ! sachant qu’il l’avait déjà monté en 2010 à Londres. Il s’associe de nouveau avec le costumier et décorateur Peter McKintosh, qui a su parfaitement capturer l’époque des années 1900 avec notamment une somptueuse robe bordeaux et or pour la scène mythique du restaurant Harmonia Gardens avec la chanson « Hello Dolly » – un petit clin d’œil à Barbra Streisand. Cette production reste donc fidèle à l’esprit du musical sans aucun souffle de modernité.

© Julien Benhamou

Le dispositif scénique, conçu pour la scène du Lido, place l’orchestre à l’étage et s’articule autour d’un grand escalier, élément clé pour l’entrée grandiose de Dolly au second acte. Tous les passages iconiques qui ont fait le succès de ce musical sont bien présents : le voyage en train de Yongers à New York avec les cuivres éclatants, la séquence de claquettes juste avant l’entrée triomphale de Dolly au restaurant avec la fameuse chanson. 

Casting : top of the Rock

Dans la lignée de Barbra Streisand (1969) et Annie Cordy (Théâtre de Mogador, 1972), la britannique Caroline O’Connor, déjà connue du public parisien (West Side Story, Sweeney Todd) incarne avec brio le rôle de Dolly avec un mélange parfait de chic et d’espièglerie apportant à la fois de la prestance et de la malice à cette héroïne emblématique. Sa performance nuancée évite de tomber dans la caricature de la veuve vénale pour livrer un personnage de femme forte, aussi rusée qu’émouvante. 

© Julien Benhamou

La distribution de chanteurs-danseurs, dirigée avec précision par la baguette de Nigel Lilley est tout simplement excellente. Face à elle, Peter Polycarpou campe un Horace Vandergelder, bourru à souhait, malgré un rôle moins étoffé musicalement. Les jeunes premiers brillent par leur touche d’humour rafraîchissante : Monique Young charmante (déjà remarquée dans « 42nd Street » au Châtelet en 2016), Carl Au drôlissime, Reece McGowan hilarant et Chrissie Bhima en pétillante Minnie.  

À lire également : Le Rocky Horror Show débarque au Lido

Ce spectacle « feel good » séduira aussi bien les passionnés du genre, les fans du film culte que les néophytes. Mais il permettra surtout à la nouvelle génération l’occasion de découvrir un grand classique de Broadway, dans toute sa splendeur et sa joie communicative. 

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