DANSE – La Manufacture de Bordeaux invite un duo de chorégraphes novateurs : Dominique Brun et François Chaignaud. Ensemble, ils revisitent le Boléro de Ravel, chef-d’œuvre intemporel du début du XXe siècle. Ce solo de danse, sorte de flamenco moderne et transgenre, s’accompagne d’un récital à quatre mains. Une version intimiste qui réussit à faire du neuf sur l’un des tubes les plus célèbres au monde.
Un Boléro à quatre mains et une danse
Dans une ambiance tamisée, le spectacle s’ouvre sur un récital de piano à quatre mains. Schubert, Chopin, Schumann résonnent sous les doigts complices de Sandrine Legrand et Jérôme Granjon. Puis, c’est au tour de François Chaignaud de prendre place sur l’estrade. Il renoue avec la tradition du solo de danse accompagné au piano – chère à Martha Graham et Isadora Duncan. Une approche introspective du Boléro, loin des versions plus spectaculaires impliquant une troupe de danseurs (aka Maurice Béjart).
À la croisée des genres
Un siècle plus tard, le Boléro se réinvente par un savant mélange de danses traditionnelles espagnoles, de butô japonais et de skirt dance (littéralement “danse de la jupe »). François Chaignaud entame un solo instinctif, presque enfantin. Il oscille entre des mouvements explosifs, où il frappe le sol avec énergie, et des instants de calme où les gestes ralentis s’assouplissent. Dans une sorte d’exploration corporelle, il teste des pas de danses incongrus, essaie de marcher sur la pointe de ses pieds nus, se cache derrière sa robe, mange un fruit avant de jouer avec.
Vêtu de queer
Le corps athlétique du danseur est enveloppé de bouts de tissu semblant tout droit sortis d’une malle à déguisements. Il arbore une robe arc-en-ciel sublime, virevoltant à chacun de ses pas. Son visage est peint grossièrement, sa crinière est détachée, ses ongles manucurés, et un caleçon sous sa robe se devine. Il tourbillonne avec insouciance dans un geste poétique teinté d’une certaine dose d’humour. Un souffle de liberté aux accents transgressifs et queer.
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Un spectacle qui ne se veut pas trop sérieux, mais qui explore les possibilités du corps en mouvement. La Manufacture présente le Boléro dans sa forme la plus épurée : interprété au piano et dansé sans fioriture. Avec une fougue réjouissante, le ballet exhume des styles de danses venus du monde entier.

