FESTIVAL – L’expression de mise en garde “Un train peut en cacher un autre” nous invite aussi, en art, à ne pas oublier qu’un artiste peut être multi-facettes et permet de faire plus attention encore à d’autres artistes, comme à d’autres œuvres et d’autres compositeurs.
Renaud Capuçon est ainsi violoniste, Directeur artistique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, et comme ce soir maestro, à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et en compagnie de la compagnonne de route du Festival, la pianiste Martha Argerich dans un dialogue complice et accompli.
Un concert d’ouverture en annonce bien d’autres, mais il marque de son empreinte profonde la suite d’un Festival, à la manière d’un titre d’œuvre, d’où sa dimension symbolique. Et il en va de même pour la première pièce du premier concert. La Danse mystique de Charlotte Sohy, compositrice oubliée, revient ainsi à donner une clé essentielle au public : celle d’une musique en soi, au service du partage universel des plus grandes phalanges et propos, comme le déploient dans la suite du concert Beethoven et son Premier Concerto pour piano (bain de jouvence et d’humilité), puis Dvořák et sa Huitième Symphonie, qui ne fait pas qu’annoncer celle du Nouveau Monde.

Ô soli mio
Martha Argerich fait une offrande à la musique, elle conduit son jeu, en dialogue avec l’orchestre, comme un discours, une phrase en appelant une autre, en accentuant de manière tonique les éléments musicaux porteurs de sens. Sa manière de marquer les contretemps de ses deux mains pleines d’énergie volcanique, rend la partition spirituelle : piquante, élégante, braisillante. Les traits virtuoses sont moins décoratifs qu’énergétiques, en prise directe avec le timbre. C’est là qu’elle montre son affinité profonde et viscérale avec le clavier.

Symphonie pour un homme seul
La direction musicale de Renaud Capuçon montre la diversité des manières de faire de la musique, de donner vie à toutes les énergies musicales vivantes d’un plateau. Comme avec son violon, il dirige haut, bras souvent levés au-dessus du buste, marche d’avant en arrière ou de gauche à droite, traçant un socle carré sans explorer les obliques. La pulsation qui traverse la pièce doit être tenue, selon une discipline physique très engageante. La symphonie finale souligne encore davantage la direction souple et chorégraphique du chef, véritable moment esthétique en soi, approche « solistique » de la direction musicale.

L’Orchestre du Capitole se montre habitué à cet exercice d’équilibre symphonique, entre tension, réitération et explosion, décomposant finement les rythmes et cernant profondément les contours mélodiques.
Et attention pour la suite, un concert peu en cacher un autre…
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