PARTICIPATIF – À l’initiative du directeur d’Angers Nantes Opéra Alain Surrans, les concerts « Ça va mieux en le chantant » proposent un programme éclectique, mêlant répertoire classique, lyrique et variété avec la participation du chœur, des artistes en résidence… et du public ! Une vraie démarche de médiation à l’opéra, toujours aussi appréciée.
Le public est venu nombreux assister aux deux représentations angevines du concert « Ça va mieux en le chantant – de Monteverdi au rap ». Si la première, à 19h, était plutôt réservée à un public familial, la seconde à 21h était destinée aux étudiants, cœur de cible de la politique culturelle d’Angers Nantes Opéra (pour rappel, ils représentent environ 20% des habitants de la ville d’Angers, et comptent une population non moins importante à Nantes).
Shadéblauk au micro, Purcell à la prod
Au programme, comme promis, du Monteverdi et du rap, mais pas seulement. Il ne s’agit pas de tracer une frise chronologique, mais plutôt de présenter différentes pièces lyriques ou classiques, plus ou moins connues, mises en parallèle avec leur reprise par des artistes de variété. Ainsi, la chaconne qui accompagne l’air de la second woman de Didon et Énée d’Henry Purcell a été reprise dans une chanson interprétée par la rappeuse Shadéblauk, avec un flow énergique parfaitement calé sur le jeu des deux jeunes instrumentistes, Lysie Verrieras à la trompette et Zacharie Pouré au saxhorn. La rencontre des styles est convaincante, et force est de constater que le rap sonne plutôt bien dans une salle d’opéra !

Mégamix
Les deux artistes en résidence, Marie-Bénédicte Souquet (soprano) et Marc Scoffoni (baryton), sont également mis à contribution, montrant leur polyvalence vocale, elle avec un médium grave coloré, avec un rien trop de vibrato, lui avec une projection puissante et une sacrée aisance scénique. Parmi les œuvres interprétées, avec le chef de chant Frédéric Jouannais, discret mais très appliqué au piano, l’air de Figaro du Barbier de Séville de Rossini puis le Barbier de Belleville de Serge Reggiani ; l’Ave Maria de Gounod et Sur un prélude de Bach de Maurane (même accompagnement : le prélude en ut majeur du Clavier bien tempéré), un menuet de Beethoven et la chanson Por una Cabeza de Carlos Gardel. Enfin, tous deux unissent leurs voix sur Old Friends de Simon and Garfunkel, dont les accords reprennent exactement ceux du chœur final de l’Enfant et les Sortilèges de Ravel.

Enfin, le chœur d’Angers Nantes Opéra est mis à l’honneur, dirigé par son chef facétieux Xavier Ribes. L’ensemble, bien en place et attentif aux nuances, est porté par de bons éléments bien audibles dans chaque pupitre, notamment les ténors, solides dans l’aigu. Qu’il s’agisse d’un madrigal de Monteverdi ou d’une chanson des Beatles (Can’t buy me love), les choristes montrent la même application, avec une excellente diction. Ils sont rejoints par le public en fin de concert pour deux chansons : Michelle (les Beatles, toujours eux) et Bohemian Rhapsody de Queen, un incontournable des concerts participatifs d’Angers Nantes Opéra.
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L’enthousiasme, surtout chez les étudiants, est encore une fois rendez-vous. L’opéra, décidément, ça va mieux en le chantant.

