PORTRAIT – La mezzo-soprano Lea Desandre et le joueur de luth Thomas Dunford forment un captivant duo musical. Couple à la ville comme à la scène, ils sont en récital à Bordeaux, Paris, Calais, etc.
Elle est la nouvelle étoile du chant. Il est un brillant joueur de luth. Lea Desandre et Thomas Dunford se sont rencontré il y a trois ans en Vendée dans les jardins du chef d’orchestre baroque William Christie. On pourrait imaginer leur rencontre amoureuse au détour d’un bosquet de ce magnifique décor à la française mais c’est l’oreille qui fut d’abord excitée. « Je lui avait écrit pour lui proposer un programme, se souvient Thomas Dunford. J’avais été séduit par le moelleux de sa voix, sa riche harmonique. Lea a un instinct musical très fort et réagit très vite à la musique. »
Les Bordelais avaient fait le même constat : en 2013, les Amis du Grand-Théâtre la sacraient « Jeune espoir » lors de leur concours de chant. Puis les Aixois lui ont donné le prix HSBC lors du festival d’art lyrique de 2016. Depuis, la mezzo-soprano a raflé une Victoire de la musique classique en 2017 et tenait encore la semaine dernière le haut de l’affiche de l’Opéra-Comique dans « Et in Arcadia ego » sur des musiques de Rameau (à revoir ici). Ils partent en tournée avec un programme de musiques italiennes du début de l’ère baroque qu’ils ont choisi soigneusement : « Une alternance de pièces très expressives et pleines de reliefs », nous promet Lea Desandre citant les compositeurs Monteverdi, Cavalli, Haendel entre autres, et leurs airs inspirés par l’amour, forcément. « Le public pourra vivre des montagnes russes d’émotions », renchérit Thomas.
Avalanches de sonorités et de rythmes
Ce joueur de luth fait tomber tous les préjugés que peut nourrir son instrument. D’un luth au son doux et volontiers soporifique, Thomas Dunford extirpe des avalanches de sonorités et de rythmes. « Thomas n’a qu’une ligne sur la partition, il accompagne le chant avec des ornements qu’il crée sur le vif, sans filet », explique sa partenaire avec admiration. Cette pratique des jazzmen, les « baroqueux » la nourrissent depuis le XVIIe siècle. Fils de deux grands instrumentistes experts dans ce répertoire, Thomas Dunford vogue naturellement dans la musique ancienne en s’inspirant de l’énergie et la liberté du jazzman Keith Jarrett et des rockeurs de Radiohead. Dans le récital bordelais, il glissera des solos écrit par Johann Kapsberger, un compositeur « très italien pour un allemand » explique le luthiste. « Sa musique est virtuose avec des accents de flamenco. Cela fait penser à la guitare de Paco de Lucia. »
Thomas n’a qu’une ligne sur la partition, il accompagne le chant avec des ornements qu’il crée sur le vif, sans filet
A choisir des références contemporaines, on les comparerait à Joan Baez et Bob Dylan pour leur intelligence et leur sensibilité. Lea Desandre cite Barbara et Nougaro, deux chanteurs qui sont « plus sur le texte que sur la musique ». Thomas Dunford abonde : « Il y a une filiation évidente entre des airs de cour italiens du XVIIe siècle et Barbara, comme entre les mélodies de John Dowland et de John Lennon. Ils dégagent une même sensation de grande liberté, leur musique semble se créer au moment où elle se joue. Le danger de la partition est de ne pas être dans une interprétation vivante. Jouer ensemble c’est écouter l’autre et réagir à ce qu’il propose : c’est la meilleure façon pour trouver le poignant de la musique. »
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