INTERVIEW PERCHÉE – Après un premier disque remarqué, Olivia Gay sort son deuxième album, Origine[s] rattachant musique savante et thèmes populaires. La violoncelliste (et grande cavalière !) se prête au jeu de l’Interview perchée®.
Il y a plus d’un an, à l’occasion de la sortie d’un premier album remarqué, la jeune violoncelliste française Olivia Gay confiait à Classique mais pas has been son amour de la nature, des animaux, et particulièrement du cheval. C’est donc sans surprise que l’on retrouve cet animal sur la couverture de son deuxième enregistrement, intitulé Origine[s] et paru chez Ilona Records.
Ce n’est certes pas inédit mais, avec Olivia Gay, on peut être assuré que ce n’est pas du storytelling. Cet album raconte l’attachement de la violoncelliste à sa terre, à ses coutumes, à ses « origines ». Elle explore donc un répertoire de musique savante s’appuyant sur des thèmes populaires, exploration riche, variée, pertinente dont le parcours a été le fruit d’une réflexion de plusieurs mois. C’est suffisamment rare pour être remarqué.
Élément central d’Origine[s], la sonate pour violoncelle seul op. 8 de Zoltan Kodaly, pièce difficile et innovante s’il en est, révèle la maîtrise technique d’Olivia Gay mais également son engagement physique. Les bien-nommées Cinq pièces dans le ton populaire pour violoncelle et piano, op. 102, de Robert Schumann lui permettent de montrer un sens de l’harmonie assuré et une vaste palette sonore. Si les choix musicaux de Célia Oneto Bensaid sont parfois déroutants, la pianiste au toucher très doux forme avec Olivia Gay un duo séduisant. Le choix de l’accordéon lancinant de Basha Slavinska pour remplacer le piano dans From Jewish Life, B. 54, d’Ernest Bloch est d’une grande justesse ; le résultat assécherait la gorge d’un marin breton.
Mais raconter Olivia Gay sans l’avoir vue en concert serait une faute lourde. La violoncelliste fait partie de ces musiciens qui montent sur scène pas seulement pour jouer les notes écrites sur des partitions. Elle a cette passion ? nécessité ? urgence ? qui font dire que, si on lui avait mis un pinceau dans les mains à 5 ans, elle aurait été peintre. Le 13 novembre, au cirque Romanès, à Paris, elle s’est jetée sur scène comme elle monte à cheval : à cru. Elle a réussi à affronter les conditions acoustiques défavorables du lieu sans rien renier de son exigence musicale. La prise de risque était considérable, elle a payé.
Le 19 novembre, la rédaction de Classique mais pas has been a pu l’écouter dans des conditions plus classiques au Château Fombrauge, avec la pianiste Célimène Daudet. Le duo a offert une musique d’une autre couleur, plus dans l’introspection, tout aussi captivante. Que ce soit en disque, où elle propose une réflexion personnelle, ou en concert, où elle sait comment emporter le public, même si le répertoire est exigeant, Olivia Gay propose toujours un voyage musical original et de grande valeur.