CONCOURS – La deuxième édition du Concours de cheffe d’orchestre s’est tenue du 3 au 6 mars 2022 à la Philharmonie de Paris. Le premier prix revient à Anna Sułkowska-Migoń, mais cinq noms sont à retenir de cette Maestra 2022.
Le 2e concours La Maestra a désigné dimanche la Polonaise Anna Sułkowska-Migoń comme Premier prix. 202 candidates issus de 48 pays avaient déposé un dossier. La présélection a identifié 14 cheffes qui se sont affrontées pendant quatre jours en dirigeant le Paris Mozart Orchestra. Ce concours La Maestra cherche ainsi à identifier, encourager et accompagner les femmes dans la carrière de cheffe d’orchestre, les femmes ne représentant que 8% des chef·fes d’orchestre à la tête des grands orchestres internationaux.
Anna Sulkowska-Migoń, 24 ans, Polonaise : Premier Prix
Anna Sulkowska-Migoń a remporté le concours en interprétant en finale L’Existence du possible, pièce imposée à toutes les candidates et commandée pour le concours à la compositrice Graciane Finzi, et la Suite de Pulcinella, de Stravinski, un choix audacieux.
Outre la première place de la compétition (et un prix de 20 000 euros), elle remporte le Prix Génération Opéra (2 000 euros) pour son accompagnement des Drei Lieder, d’Alma Mahler, chantés en demi-finale par la mezzo Victoire Bunel. Elle est une cheffe très sensible et expressive, qui a le sens des couleurs et de la narration, autant de qualités qui ont séduit le jury et les spectateurs•rices. Native de Cracovie, Anna Sulkowska-Migoń a suivi l’essentiel de ses études en Pologne, et dirige actuellement le chœur Ars Cameralis
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Joanna Natalia Slusarczyk, 36 ans, Polonaise : Deuxième Prix
Plus expérimentée que sa compatriote, Joanna Natalia Slusarczyk remporte le deuxième prix La Maestra (10 000 euros), ainsi que le Prix Echo (le réseau européen des salles de concert, le European Concert Hall Organization) et enfin le prix des Orchestres et Salles de concert français.
En demi-finale, elle a eu a la difficile tâche de clore la compétition (et de diriger un orchestre forcément fatigué) avec le premier mouvement du Concerto en sol de Maurice Ravel et des extraits de Don Giovanni de Mozart. Elle a dirigé avec beaucoup de sureté technique, une grande rigueur dans la construction, et fait ressortir les accents jazzy du concerto.
Beatriz Fernández Aucejo, 38 ans, Espagnole : Troisième Prix
La sélection de Beatriz Fernandez Aucejo en finale nous a surpris car son « bal », extrait de la Symphonie fantastique de Berlioz, a montré ses limites. Elle exploite surtout l’aspect mélodique des œuvres, mais sa direction manque de contrastes et de nuances. Beatriz Fernandez Aucejo a fait ses études en Allemagne, en Autriche et en Italie, et a participé à l’Académie du Festival d’Aix-en-Provence. Elle est en poste à l’Orchestre philharmonique de l’Université de Valence en Espagne. Elle remporte également le Prix Arte.
Zoe Zeniodi, 46 ans, Grecque : notre coup de cœur !
Pendant La Maestra, Zoe Zeniodi nous a conquise en dirigeant La Symphonie de Louise Farrenc avec beaucoup de panache, de détermination et de sensibilité. C’est une cheffe qui a un grand sens de l’articulation, et qui est très structurée. Elle est très charismatique et sait communiquer efficacement avec l’orchestre et les solistes.
Elle a dirigé dans plusieurs institutions de son pays natal (l’Opéra national grec et le Centre culturel Onassis), et l’Orchestre symphonique de Broward aux Etats-Unis. Ella a réalisé plusieurs enregistrements avec le Brno Philharmonic. Voici comment elle a analysé pour nous l’importance de cette compétition :
Ustina Dubitsky, 34 ans, Allemande : Prix de l’orchestre
Le Paris Mozart Orchestra dirigé par Claire Gibaud, grande prêtresse de cette compétition dont elle dirige le jury, a lui aussi sa préférence. Après quatre jours de concerts – quel exploit ! – les musicien•ne•s ont couronné Ustina Dubitsky, nommée récemment cheffe assistante de l’Orchestre Victor-Hugo Franche-Comté. Pour nous, Ustina Dubitsky a montré une maîtrise technique, une rigueur certaine, et un style tout en retenue dans le Troisième mouvement du Concerto de Clara Schumann et les trois lieder de Alma Mahler.