AccueilA la UneMillepied/Tharaud : duo intime

Millepied/Tharaud : duo intime

DANSE ET MUSIQUE – Benjamin Millepied et Alexandre Tharaud se rencontrent dans un format original : un duo intimiste à la croisée entre un récital dansé et un double autoportrait. Présenté pour la première fois aux Nuits de Fourvière, le spectacle continue sa tournée en passant par le Théâtre des Champs Elysées. La question de l’âge est omniprésente chez les deux artistes qui disent atteindre un moment de basculement dans leur corps.

Benjamin et Alexandre : portrait croisé

Leurs enfances comportent des ressemblances. Ils ont grandi dans des maisons habitées par leurs deux arts car leurs mères étaient professeurs de danse, et la musique du studio résonnait dans leur quotidien.

Si Benjamin raconte vouloir être pianiste, il se destine très vite à une carrière de danseur. Principal Dancer au New York City Ballet, il pousse ensuite les portes de la chorégraphie et fonde sa propre compagnie à Los Angeles. De retour en France pour lancer le Paris Dance Project, Benjamin est partout en cette fin de saison. Avec ce duo, il remonte sur scène comme danseur après treize ans de pause. Pour lui, c’est le bon moment “avant de ne plus pouvoir le faire”.

Alexandre rêvait d’être danseur mais c’est finalement vers le piano qui se dirigera. Passé par le Conservatoire national supérieur de musique de Paris, il remporte de nombreux prix et donne désormais des concerts dans le monde entier. Il compose également mais préfère garder cette activité en second plan.

Benjamin le sollicite une première fois pour une collaboration lorsqu’il est directeur de la danse à l’Opéra de Paris mais cela n’aboutira pas. Quelques années plus tard, il le rappelle pour lui faire part de son envie de remonter sur scène. C’est ainsi que naît Unstill life.

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Même longueur d’onde ?

Si Benjamin pense le format comme un moment intime avec le public, Alexandre garde en premier lieu une certaine distance avec la salle.

Le danseur marque encore quelques pas avec son casque lors de l’arrivée des premiers spectateurs mais cela ne l’empêche pas de continuer. Si certains attendent l’heure précise pour regarder la scène, d’autres profitent déjà de l’ultime répétition. Benjamin joue ensuite son propre personnage. Il montre parfois au musicien qu’il est épuisé espérant que le pianiste s’arrête comme lors des séances en studio, mais non Alexandre continue. Alors Benjamin reprend en tentant de suivre le rythme. Le danseur a gardé son âme d’enfant comme nous le montre son amusante excursion pour danser et courir au premier balcon.

Smile ! ©Paul Bourdel

Alexandre est beaucoup plus sérieux. Mais il se révèle au public quand Benjamin l’invite à danser. Les quelques ricanements du public laissent rapidement place à l’admiration de ce duo où l’on découvre une nouvelle qualité au pianiste. On regrette simplement qu’Alexandre ne puisse pas danser et jouer en même temps, devant laisser le piano pour une bande enregistrée. Peut-être que Benjamin aurait pu s’essayer au piano !

Bien loin de la retraite !

Malgré leur âge, sur lequel ils insistent beaucoup, les deux artistes apparaissent au sommet de leur art. Benjamin a les expressions du visage d’un enfant avec ces yeux pétillants. Ses pas sont exécutés avec fougue, traduisant son empressement à danser. Ses sauts sont puissants et sa spontanéité toujours au rendez-vous. Si son style vacille entre le classique et le néoclassique, des inspirations plus baroques sont également visibles notamment dans son jeu des contretemps. Il semble mimer la musique.
La force de Benjamin réside dans sa créativité. Il propose de nouvelles combinaisons et même de nouveaux pas comme ce tour seconde enchaîné avec un saut second où la jambe de terre se replie.

Alexandre donne l’impression d’avoir quatre mains tellement il joue rapidement. Dans la 5eme Gnossienne de Satie, il révèle tout son talent. Les nuances sont parfaitement interprétées et Benjamin nous laisse un instant nous plonger dans la musique, étant lui-même très à l’écoute et très peu mobile. Lorsque le morceau s’achève, le silence prolonge pour quelques secondes l’intensité du moment vécu.

La vidéo au premier plan

Si au début les lumières sont minimalistes pour créer une ambiance plus intime, quelques jeux d’ombres apparaissent déjà avant que la vidéo ne fasse son entrée. L’écran est utilisé comme fond de couleur sur lequel le corps trace une ombre qui se déforme et se multiple ensuite. Une autre fois le mouvement d’un port de bras est projeté en répétition ce qui ne manque pas de nous rappeler les lignes du corps de ballet dans les actes blancs des ballets classiques.

Benjamin aurait-il peur du vide ?

Mais l’usage de la vidéo questionne. Ce besoin de tout filmer, le zoom sur la partition est sans grand intérêt, nous pousse parfois à fermer les yeux pour apprécier la musique.
On regrette également les trop nombreuses incursions de vidéo documentaire qui risquent de transformer la soirée en auto-hommage. Malgré notre curiosité pour leurs parcours et leurs relations respectives à leurs arts, l’usage de la voix off n’est pas une réussite. De plus, leurs paroles ne sont pas toujours bien liées, l’un parlant d’un sujet et l’autre répondant sur tout autre chose.

À lire également : Paris Dance Project, entretien avec Benjamin Millepied et Solenne du Haÿs Mascré
Il danse ! ©Paul Bourdel

Si les deux artistes semblent inépuisables, Benjamin vient tout de même s’asseoir sur le siège du pianiste et lui prend sa partition pour la fermer délicatement. Heureusement ils reviennent pour un rappel et la soirée se termine sur une ovation du public ravie d’avoir pu découvrir ces deux artistes dans un format non conventionnel. Peut être qu’une salle plus petite aurait permis plus d’intimité, mais le lieu se devait d’être à la hauteur de leur renommée.

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