DANSE – Il y sept ans, le chorégraphe Benjamin Millepied quittait la direction du ballet de l’Opéra de Paris. Il revient dans la capitale avec un projet ambitieux, le Paris Dance Project, pensé et porté à quatre mains avec sa directrice générale, Solenne du Haÿs Mascré. Ensemble, ils nous en disent plus sur cette nouvelle aventure.
Le Paris Dance Project porte comme sous-titre « ensemble par la danse ». Il se veut une démarche artistique et sociale pour développer trois grands axes : le soutien à la création chorégraphique, l’accompagnement des jeunes talents et la mise en mouvement de la jeunesse via un projet éducatif inédit.
Pour présenter ce projet ambitieux et innovant, qu’ils portent à quatre mains, Benjamin Millepied et Solenne du Haÿs Mascré ont tenu à accorder une interview à deux voix. Ils ont commencé par se présenter mutuellement, pour dire ce que l’autre apportait au projet :
Benjamin par Solenne
« Nous nous connaissions avant, mais c’est notre collaboration pour Roméo et Juliette, en 2022 à la Seine musicale, qui a véritablement scellé notre entente professionnelle et amicale. Ce Paris Dance Project va pouvoir profiter de l’expérience fabuleuse que Benjamin a installée avec le LA Dance Project, à Los Angeles. Il entretient un lien artistique fort avec la ville, ses trépidations urbaines, ses communautés et ses territoires. Son action créative se nourrit véritablement de Paris et le fait qu’il puisse y revenir pour créer un projet artistique, éducatif et social est particulièrement important pour lui. Il souhaite également, avec ce projet, révéler des talents chorégraphiques et mettre en lumière la réflexion des artistes. »
Solenne par Benjamin
« Déjà, nous avons une passion commune pour la danse, et ça c’est important. Solenne a notamment dansé dans la troupe de Merce Cunningham, à New York. Par ailleurs, son expérience de management culturel parle pour elle, tant au Théâtre du Châtelet qu’au Musée du Quai Branly ou, dernièrement, à la Seine musicale, où elle occupait les fonctions de Secrétaire générale et de Directrice de la production. J’y reviens, mais pour Roméo et Juliette, nous avions quand même réussi, avec un ballet classique, à faire venir 35 000 spectateurs sur seulement 11 représentations ! Et Solenne y est pour beaucoup. Elle sait mener une programmation diverse et réussie pour un public large. De plus, elle a véritablement une culture artistique parisienne. Tous ces éléments sont vraiment importants pour le défi qui nous attend ! »
Puis Benjamin va plus loin
« En fait, je ressentais le besoin de revenir m’installer et vivre à Paris, artistiquement mais aussi pour mes enfants. Et je me suis posé la question : « où faut-il donner de l’énergie par la danse, aujourd’hui ? » Dans la culture, la société et l’art. Quand je dirigeais le ballet de l’Opéra de Paris, j’étais frappé par le fait qu’une telle organisation, avec un tel prestige et un tel rayonnement, ait un public restreint et une troupe non représentative de la société française. Depuis, les choses changent, mais il y a sept ans, c’était quand même frappant. Je voulais revenir à Paris, mais surtout pas repartir dans une institution. Avec le Paris Dance Project, je veux irriguer la société. Depuis deux semaines, je travaille avec les Orphelins Apprentis d’Auteuil, et spécialement les enfants qui vivent les situations les plus difficiles. J’essaye de les aider à libérer leurs corps, pour retrouver une confiance en eux, de voir avec eux comment on peut relâcher les corps, qui, souvent, manifestent les traumatismes vécus. »
Et Solenne complète
« Nous allons dans un premier temps développer le campus chorégraphique, avec également une collaboration avec l’association Espérance Banlieues, la Ville de Meudon et la Ville de Saint Ouen. Par ailleurs, nous avons constaté que la France est le pays avec le maillage de centres chorégraphiques le plus dense. Pour autant, il n’existe pas d’enseignement de la composition chorégraphique à proprement parler, avec une méthode, un passage par l’écrit, des traces en quelque sorte. Avec le Paris Dance Project, nous voulons véritablement accompagner la création chorégraphique. Nous souhaitons mettre en place un projet qui donne place à une génération d’artistes, afin qu’elle puisse s’exprimer. Les artistes sont engagés ; ils ont un discours et c’est important de pouvoir les faire entendre. »
- On pourra assister à Exaltations, premier mouvement dansé du Paris Dance Project, samedi 3 juin, de 18h à 23h au Hangar Y (Meudon), dans le cadre de la Nuit blanche. Benjamin Millepied y dansera avec Caroline Osmont.
- Dimanche 4 juin, de 14h à 19h, des solos seront présentés à POUSH (Aubervilliers). Placés sous la direction artistique de Benjamin Millepied, ils formeront un parcours créatif mettant à l’honneur un chorégraphe, un compositeur et un artiste de POUSH.