AccueilSpectaclesComptes-rendus de spectacles - LyriqueLa forêt en-chantée du Songe d'une Nuit d'Été

La forêt en-chantée du Songe d’une Nuit d’Été

THÉÂTRE MUSICAL – Le directeur du Théâtre de la Ville Emmanuel Demarcy-Mota a décider de s’attaquer à l’une des pièces phares du maestro élisabéthain Le Songe d’une nuit d’été et de la moderniser à la fois par l’écriture et la scénographie pour la rendre accessible à tous.

Le Songe est peut-être la pièce la plus drôle de Shakespeare. Au cœur d’une forêt se croisent trois univers distincts : celui de la jeunesse dorée athénienne, celui des elfes et des fées et celui des comédiens amateurs. Tout ce beau monde va se côtoyer accidentellement le temps d’une nuit rêvée où le temps n’a plus lieu d’être. Entre réel et illusion, cette pièce n’a pas finir de séduire, mais aussi de questionner sur l’amour et ses folies : « L’amour ne voit pas avec les yeux mais avec l’âme ».   

Aimons-nous, dans les bois…

Des jeunes et beaux athéniens tentent d’échapper à l’autorité paternelle pour avoir le choix d’aimer leur amoureux : d’un côté Hermia (la pétillante Sabrina Ouazani) prend la fuite avec son amant Lysandre (le beau Jackee Toto). De l’autre côté la pauvre Héléna (la magistrale Elodie Bouchez) poursuit assidument le détestable Démétrius (Jauris Casanova) qui aimerait bien épouser Hermia. Pendant ce temps-là dans la forêt d’à côté, le roi des fées Obéron (l’hilarant Philippe Demarle) se dispute avec sa femme Titania (la truculente Valérie Dashwood) au sujet de leurs amours passés et présents. Mais ce couple ne serait-il pas un peu volage ?

Tout ce petit monde se croise dans une forêt enchantée et Puck, un faune farceur sous les ordres d’Obéron versera sur les paupières de certains d’entre eux un philtre d’amour. Et si vous avez bien suivi, vous comprendrez que ça va vite devenir le boxon dans des couples ayant au départ des histoires légèrement compliquées. L’univers de la jeunesse dorée athénienne croise celui des elfes, mais aussi celui de comédiens amateurs qui préparent un spectacle pour le mariage princier. La mise en scène permet de passer habilement d’un univers à l’autre. Leur rencontre provoque des quiproquos hilarants et quelques scènes de libertinage. Les frontières entre réel et imaginaire s’effacent pour exacerber les désirs ardents et les passions amoureuses, et c’est à ce moment-là que ça devient intéressant.  » L’amour vrai n’a jamais suivi un cours facile », disait Shakespeare… 

© Nadège Le Lezec
Le bagout du jour

Ce Songe s’appuie sur la nouvelle réécriture de François Regnault, dont l’objectif est de toucher un plus grand nombre et d’en faire une pièce comprise de tous. On s’étonnera alors du vocabulaire de notre époque inséré dans le texte de Shakespeare : “draguer”, “mon pote”, “trimballer” ou “foutre la trouille”. Mais cette modernisation est plutôt salutaire car elle permet de raccourcir la pièce et de rendre le texte plus fluide pour le jeune public afin de le questionner sur la complexité du désir humain. Une mise à jour où on parle aussi féminisme : le roi Thésée est remplacé par une reine interprétée par Marie-France Alvarez alors que l’amazone Hippolyta (promise au souverain d’Athènes) devient Hippolyte.

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Forêt en-chanté

Dans un jeu de lumière et de fumée magistralement orchestré, la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota accompagnée de la scénographie de Natacha le Guen de Kerneizon invite au vagabondage de notre esprit, dans une forêt crépusculaire et envoutante grâce à un système astucieux de panneaux coulissants où les arbres se déplacent avec fluidité et grâce à un système de trappes laissant apparaître des créatures sylvestres. Les tableaux s’enchaînent avec fluidité et une pointe de féérie : le vol de Titania telle une fée dans les cieux, la transformation de Bottom en âne, des fées qui surgissent de la terre ou des arbres…

© Nadège Le Lezec

Côté musique, c’est l’auteur-compositeur Arman Méliès qui s’y colle et s’aventure parfois dans quelques chansons ou incantations magiques pour les personnages d’Obéron, de Puck, des elfes et des fées. La musique est là pour sublimer la mise en scène et apporter cette touche de féérie aux fées et aux elfes. La prose étant réservé aux comédiens amateurs et aux athéniens. 

Cette mise en scène tire son épingle du jeu par son vent de modernité et son casting qui nous transporte. Les pièces de Shakespeare ont encore de beaux jours devant elles. Il faut dire qu’elle parle d’amour, et que ça, ça nous préoccupera toujours… 

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