Concert Titanesque à Toulouse

COMPTE-RENDU – L’Orchestre Philharmonique de Hong Kong en tournée fait escale à Toulouse où il est accueilli à l’occasion de la saison des Grands Interprètes. Il est conduit par son directeur musical Jaap van Zweden et intègre le temps d’une rhapsodie le pianiste Alexandre Kantorow, sacré une nouvelle fois Victoire de la Musique Classique Instrumentale, le lendemain même du concert. 

Rien ne résiste au premier Titan de la soirée, Jaap van Zweden qui dirige en ce moment, en plus de celui de Hong Kong, les orchestres philharmoniques de New York et de Séoul et actualité brulante, deviendra directeur musical du Philharmonique de Radio France à partir de 2026.

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Titans en piste sur la voie lactée

Sa clarté énergique transparait dans les œuvres présentées et dont elle impulse les thèmes. À commencer par la courte Asterismal Dance du compositeur hongkongais Daniel Lo Ting-cheung créée pour cette tournée qui marque les cinquante ans de la professionnalisation de l’orchestre. Tels les titans modelant le monde, elle croît progressivement au fil de la partition parsemée de ruptures tantôt par des interventions de cuivres ou de bois graves lui modelant son caractère, tantôt par des passages d’entrain lui conférant son côté dansant particulièrement appuyé par la ponctuation rythmique que marque la baguette du chef suivie promptement par les musiciens. Une recette qui n’est pas sans rappeler celle que Mahler utilise pour ses symphonies dont sa première qui constitue le clou du programme. 

Alexandre Kantorow : Titan de la sensibilité 

Arrive ensuite le chouchou du piano français (Victoires de la musique, grand prix Tchaïkovski…) qui rejoint l’orchestre pour interpréter la Rhapsodie sur un thème de Paganini écrite par Rachmaninov. Les interprètes soulignent l’aspect libre et fluctuant de l’œuvre (souvent comparée à un concerto), n’hésitant pas à bouleverser leur jeu d’une variation à l’autre. Le jeu de Kantorow homogène et quasiment mécanique au début de l’œuvre, se fait sensible dans le duo avec le basson ou encore prend des formes de course poursuite avec les rythmes (encore bien ponctués) de l’orchestre. Ce dernier tissant souvent de merveilleux fonds creusés de chasses impeccablement calibrées pour recevoir les notes de piano tombant telle une pluie (en particulier avec les cordes au début de la deuxième « partie »). Les couleurs de l’orchestre fusionnent avec celles du piano qu’elles tendent à révéler. A quelques moments, l’emprise sonore de l’orchestre efface tout de même un peu trop le piano et dans les rythmes les plus survoltés le calage entre les deux peut présenter de très légères imperfections, très vite rattrapées. Rappelé à grands renforts d’applaudissements, Kantorow interprète l’arrangement par Nina Simone de Mon cœur s’ouvre à ta voix extrait de l’opéra Samson et Dalila de Camille Saint-Saëns. L’occasion pour lui de changer complètement de registre, déversant une passion profonde dans les accentuations et fluctuations rythmiques d’un phrasé délicieusement indolent, quittant son costume de Titan du piano pour prendre celui de Cupidon perçant de ses flèches mortelles le cœur de Samson. 

Titanomachie Mahlérienne

Pour finir magistralement la soirée, la symphonie « Titan » de Mahler entraine la Halle aux Grains dans un combat déchirant, quasiment cosmogonique, entre les forces de la nature tantôt clémentes tantôt dévastatrices, ponctué de passages plus humains inspirés de la tradition ou du folklore. Jaap Van Zwenden dégage une dynamique progressive tout au long de la partition, augmentant par pallier les effets de l’orchestre au fil des mouvements jusqu’au final tonitruant. Il jongle en parallèle entre les ambiances disparates avec habileté et en souplesse, jouant sur la générosité de sirupeux violons succédant aux premiers tonnerres du quatrième mouvement ou encore la ponctuation entrainante du dialogue amorçant le deuxième. Une unité d’ensemble se dégage rendant toute sa cohérence à cette partition vue comme trop composite à sa création. Après les derniers déchainements des titans de l’orchestre, c’est au tour de ceux du public de faire vibrer les murs de la Halle aux Grains par des applaudissements intenses et nourris, jusqu’à un nouveau rappel, de l’orchestre cette fois qui interprète la Danse slave n°8 de Dvorak.   

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