FESTIVAL – Une abbatiale, un architecte et neuf monuments : le projet fou d’une intégrale des Symphonies de Beethoven, par l’Orchestre Consuelo au Festival de La Chaise-Dieu se poursuit.
Un édifice …
À l’honneur ce soir, un orchestre à domicile. Casadéen ? Non, mais presque ! L’Orchestre Consuelo, dirigé par le prodige du violoncelle Victor Julien-Laferrière, retrouve les pierres de l’abbatiale, dont il a foulé la scène… pas plus tard qu’hier ! Et oui, Consuelo à La Chaise-Dieu, c’est de l’histoire ancienne désormais. Et justement, en parlant de pierres, c’est la première d’un monumental édifice qui a été posée ce 25 août 2023, il y a tout juste un an, en ces mêmes murs. Sous la commande de Boris Blanco, maître d’œuvre du festival, naît l’immense projet d’offrir une intégrale des symphonies de Beethoven, en quatre ans, jusqu’à la soixantième édition. Hier donc, l’orchestre scellait la n⁰8 et la n⁰5, et ce soir, nous les retrouvons pour l’intime Pastorale (la n°6).
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Mais d’abord, deux invités de marque : Liya Petrova, et son violon bien sûr, pour le Concerto en ré majeur, opus 61, qu’elle érige d’une main habile. Car oui, Liya bâtit aussi ! Ou du moins, y paraît. Elle s’incline, à droite, soutient les violons, à gauche, guide le chef. Son violon chante et habille le temps, mais son corps sculpte l’espace. Et parfois se retourne et danse, même, avec Jean-Sébastien Borsarello, timbalier attentif. Elle balance et l’on suit ses mouvements, pendus à ses doigts, lors d’une cadence comme suspendue. L’orchestre l’écoute, l’attend, archet en l’air, à l’affût du mouvement de tête.
Elle joue cette musique les yeux fermés, et pourtant, les nôtres ne peuvent se détacher d’elle, simplement elle ensorcelle.
… Solide ?
C’est à peine remis de nos émotions, que nous retrouvons l’Orchestre Consuelo en deuxième partie de concert, pour cette intime Pastorale. Mais là, désillusion : ne manquant ni de bonnes intentions, ni d’efforts, Victor Julien-Laferrière livre une interprétation qui peine cependant à trouver son assise. L’orchestre, composé en majorité de chambristes réunis autour du chef, se montre ici dépareillé, avec un bloc de cordes pourtant bien cimenté, mais des vents qui semblent se perdre dans les échafaudages, trop éloignés. Notons entre autres un corniste, systématiquement en retard, au point de provoquer quelques sourires chez les altistes. Petite frayeur, à nouveau, dans le deuxième mouvement, et Victor semble perdre brièvement la cohésion de l’ensemble. Alors, par sécurité certainement, il reconstruit une battue très académique, et repose ses briques une à une, jusqu’à retrouver une lecture assurée. Mais heureusement, l’Allegro du troisième mouvement égaye, et le tonnerre convainc.
L’homme rassemble l’orchestre au bout de ses doigts, et les amène finalement jusqu’à un Allegretto délicat, sécurisant le monument en devenir. Mais l’édifice est loin d’être terminé. Le projet Beethoven est une cathédrale, et chaque concert, chaque symphonie, en est une nouvelle pierre posée. Affaire à suivre !
Demandez le programme :
Ludwig van Beethoven – Concerto pour violon en ré majeur op. 61 et Symphonie n⁰6 en fa majeur « Pastorale » op. 68
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C’est un plaisir de lire ces articles. Nous sommes auprès de vous dans ce festival grâce à leurs rythmes et pourtant les km nous séparent de ces lieux unis dans les arts multiples…
L’année prochaine j’y serai !