FESTIVAL – Ce 5 septembre 2024, l’Américaine Rachel Breen sonne le coup d’envoi de la 45ème édition du Festival Piano aux Jacobins à Toulouse, avec Mozart, Chopin et Beethoven… et bien d’autres !
– Quelle chance, vous pouvez (ré)écouter le concert en même temps que vous lisez l’article ! –
Êtes-vous déjà allé au Couvent des Jacobins ? C’est le bon moment de le (re)découvrir sous un jour musical ! Avec pas moins de 16 artistes, du 5 au 30 Septembre qui feront résonner le Steinway sous la voûte étoilée de la salle capitulaire, adjointe au cloître des Jacobins : une programmation riche et des personnalités variées.
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C’est Rachel Breen, pianiste américaine de 26 ans qui ouvre ce 45ème bal de Septembre !
Récital de piano : technique et peinture sonore
Le récital à instrument solo, et plus spécifiquement de piano est un exercice particulier : l’instrument étant conçu notamment pour représenter un orchestre, le pianiste est comme un peintre, qui avec une palette de couleur limitée (comparée à celle d’un ensemble, entendons nous bien) apprend à trouver et suggérer une grande multiplicité de sons, de textures et de nuances, d’aller explorer toutes les possibilités de l’instrument. Il est passionnant de voir comment la forme de la main épouse le son comme un pinceau épouse une toile : d’une main droite courbée où seuls les doigts se démènent avec dextérité pour faire des piqués et une articulation légère à la Mozart, d’un poignet presque immobile, à la main gauche qui s’aplatit complètement pour rendre un accompagnement rond et feutré sur Beethoven, dans l’utilisation de tout le poids du corps pour atteindre les fortissimi ou simplement choisir quel motif mélodique accentuer et quelle place l’accompagnement prend par rapport au thème.
Rachel Breen déploie ainsi ses pinceaux dès la Sonate n°10 de Mozart, mise en doigt classique (littéralement) et élégante : légèrement penchée sur le clavier, concentrée mais faisant montre d’une grande décontraction corporelle, avec précision, légèreté, caractère et vélocité. Comme dans une grande galerie, comme si les 4 Impromptus de Chopin où s’intercalent Berio, Moussorgski et Schoenberg n’étaient qu’une longue et même pièce où les mouvements s’enchaînent naturellement, les différences de styles et de compositeurs se fondent sans vraiment détonner : une proposition originale et pour le moins impressionnante (voire impressionniste) ! Comme une peinture classique viendrait se déstructurer et restructurer au regard du spectateur qui viendrait de voir un tableau cubiste, certains passages de Beethoven, certaines dissonances et motifs répétés sonnent alors d’autant plus modernes…
C’est tout un univers de nuances qui se déploie par le prisme de la technique, maîtrisée avec détente, force et caractère par Rachel Breen !
Ouverture du bal : Beaux-coups d’envois
Ce récital made by Rachel Breen marque un beau coup d’envoi pour le Festival, chargé de style et de personnalité.
C’était le premier des 16 concerts de Piano aux Jacobins, où alterneront les genres et les générations, de 15 à 92 ans, de Bach au Jazz en passant par la danse cubaine : un bal pianistique durant tout Septembre…
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