FESTIVAL – Le Temps d’Aimer la Danse est LE rendez-vous annuel de la chorégraphie du Centre Chorégraphique National Malandain Ballet Biarritz. 12 jours de danse entre St Jean-de-Luz et Biarritz qui mettent le pays basque sur la carte ! On était au week-end d’ouverture, et on en a pris plein la figure : de Sun-A Lee à Martin Harriague en passant par le Ballet de Berne et le flamenco de Manuel Liñan.
Épisode 2 – samedi 7 septembre, 19h : Crocodile de Martin Harriague
Vestiges de l’amour
Quatre ans après Fossile, un duo s’inspirant de l’urgence écologique et des liens entre l’homme et la planète, Martin Harriague nous entraîne cette fois-ci dans une danse d’amour qui l’emporte sur le chaos. « Crocodile » évoque ce chaos, autour de la figure du Léviathan, monstre biblique annonciateur d’un cataclysme terrifiant, capable d’anéantir le monde. Le rideau se lève, et les deux xylophones géants de l’ensemble 0 (Sylvain Chauveau et Stéphane Garin) dialoguent dans une mélodie minimaliste et répétitive : le Canto Ostinato du néerlandais Simeon ten Holt.
Tourner autour des peaux
Puis la scène s’illumine : un homme dos à nous, seul sur un banc, semble absorbé par une toile blanche composée de petits carrés. Une femme époustouflante (la danseuse Émilie Leriche) s’avance lentement vers lui avec une élégance féline. C’est la rencontre amoureuse entre deux êtres, de celle qui change une vie : leurs regards se croisent alors, et leurs corps s’attirent, irrévocablement. L’homme tente de se rapprocher mais ne la touche pas, il la suit, il la frôle jusqu’au contact enfin aboutit entre deux mains qui se cherchent… et se trouvent, pour ne plus jamais se lâcher. Des contacts plus intimes vont alors s’établir : pieds contre pieds, joues contre joues, un baiser sur le visage, une tête sur un ventre. Des corps qui s’effleurent et s’entrelacent, une passion naissante où parfois les morsures se mêlent aux caresses, et toute délicatesse.
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Qui a dit que l’amour était un long fleuve tranquille ? La nuit tombe, obscurcissant les contours des silhouettes : ils se déshabillent l’un face à l’autre. Puis la lumière se rallume et c’est le drame : dans un mouvement d’attraction-répulsion, les deux amants s’évitent de nouveau, avant que l’amour ne triomphe et unisse enfin leurs mains entrelacées. L’amour a résisté au chaos. Dans un espace dépouillé, Crocodile une pièce très bien écrite qui donne l’envie d’aimer. Martin Harriague est décidément un chorégraphe à suivre, et la jolie révélation de ce festival !