AccueilA la UneSymphonie tombée du ciel : Miracles à l'Athénée

Symphonie tombée du ciel : Miracles à l’Athénée

ÉPITRE – Aux Classykêens. Croyez aux miracles ! Ils existent. Je les ai vus et viens en porter témoignage, pour que compte vous en soit rendu : de la « Symphonie tombée du ciel » sur le plateau de l’Athénée.

Au commencement était le plateau. Le plateau était vide et le public vit que c’était beau, même noir et vide avec ces instruments épars et malgré ces chaises moches et avec tous ces haut-parleurs de-çi de-là et notamment en l’air sur une sorte de Sainte Auréole de métal…

La Symphonie tombée du Ciel, de la Cie La Sourde, Direction artistique : Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang & Eve Risser, le 17 septembre 2024 à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet © Joseph Banderet

Au commencement (du spectacle) était la direction d’orchestre : ce Geste miraculeux, divin, qui fait naître l’harmonie terrestre et céleste. Mais ici ce geste est animé par tous les musiciens ensemble : chacun dirige ses prochains comme soi-même, tous égaux devant le Bien suprême : l’Art. Et l’Art vit que c’était en place, et il trouva sans doute que ce fut bon (meilleur que la suite du spectacle où les musiciens quittant le geste de la battue la perdent beaucoup à leur instrument).

Au commencement (sonore) était le Verbe. Celui des témoignages récoltés, enregistrés pour ce spectacle en micro-trottoirs, appels en voiture ou recension d’ascensions (vers la Sainte-Madone ou une montagne menteuse) : des témoignages de « miracles » advenus ou espérés ou moqués par celui qui y croit, celui qui n’y croit pas, celui qui y croit à moitié, celui qui fait le malin, celui qui rappelle l’étymologie : le miracle est une merveille, humaine ou divine, divine car humaine, humaine car divine… Mais là n’est pas la question.

La Symphonie tombée du Ciel, de la Cie La Sourde, Direction artistique : Samuel Achache, Florent Hubert, Antonin Tri Hoang & Eve Risser, le 17 septembre 2024 à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet © Joseph Banderet

Car le miracle est bien là ce soir : dans le lien entre ces paroles enregistrées et la musique qui en a été composée. Car en vérité je vous le dis, les musiciens et les enceintes (même si leur conception est loin d’être immaculée) ne s’opposent pas, ne se séparent pas : ils se réunissent pour ne former plus qu’un. Tel le Fils et le Père, un Esprit Saint les réunit : les paroles deviennent musique et la musique parle. Une complexe partition a été façonnée pour reprendre à la volée les « hauteurs » et les « rythmes » des paroles, rappelant que la parole a aussi sa musique, ses aigus et ses graves, ses mouvements et tempi. La musique des instruments et celle des mots vient ainsi se superposer, ou se répondre, à l’identique ou dans des variations dignes justement d’une symphonie.

Comme pour leur précédent projet, le Concerto contre piano et orchestre, ce miracle d’un véritable « théâtre musical » est ainsi réitéré par cet Orchestre si mal-nommé « La Sourde », si bien-nommé car il entend avec les vraies oreilles, celle du cœur (bon et puis celles des deux côtés de la tête aussi).

À Lire également - Concerto contre piano ? On est pour !

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, priez donc avec moi pour que ce miracle continue de s’accomplir, voire même qu’il en engendre d’autres. Il faudrait en effet un miracle pour que l’enchaînement des témoignages qui a été choisi forme une histoire intéressante (c’est très dommage, même si on apprécie d’autant plus le fait que le spectacle ne dure qu’une heure).

Prions également ensemble pour ces péchés de rythmes, de nuances, de justesse… commis par ces musiciens. L’enfer sonore est pavé de bonne volonté, et ils n’ont commis que péchés véniels mais hélas sans offrir de rédemption en vue… Prions. Prions. Et que celui qui n’a jamais fauté leur jette le premier diapason. Il s’agissait de la première représentation et ils ont fait un sacré travail pour cette pièce diablement difficile… Le résultat a certes encore bien souvent l’apparence d’une cour des miracles… mais avec la riche diversité qui va avec. Et ils auront bien le temps d’améliorer cela : le spectacle continue à l’Athénée puis ira porter sa bonne parole au Grand R (La Roche-sur-Yon), au Théâtre de Caen au Théâtre national de Strasbourg.

Comme le disait Antoine De Saint-Exupéry, « Les vrais miracles font peu de bruit »… mais portent l’espoir d’une bien belle musique, pourrait-on ajouter.

À Lire également - Patrick Foll, Directeur du théâtre de Caen : « Créer du merveilleux »
Sur le même thème

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Vidêos Classykêo

Articles sponsorisés

Nos coups de cœurs

Derniers articles

Newsletter

Twitter

[custom-twitter-feeds]