COMPTE-RENDU – Le Festival d’Automne du Haydneum, Centre hongrois de musique ancienne, se poursuit à l’Académie Liszt de Budapest par un concert autour de Michael et Joseph Haydn, avec la Capella Savaria, dirigée par le violoniste Zsolt Kalló.
Deux frères séparés
Joseph Haydn est bien entendu le compositeur phare du Haydneum, fondation créée et dirigée par György Vashegyi dans le but de promouvoir la recherche autour de la musique composée en Hongrie entre 1630 et 1830, du baroque aux débuts du romantisme, afin de l’interpréter. Joseph Haydn en est un des représentants phares, ayant passé une partie importante de sa vie au service du Prince Nicolas Eszterházy, dit « le Magnifique » (1714-1790) dans son palais (le « Versailles à la hongroise » situé près de l’actuelle Sopron, à la frontière de l’Autriche et où se déroule d’ailleurs le Festival d’été du Haydneum, comme un frère du Festival d’automne). Le Prince aura tout fait pour réunir la fratrie, mais il ne pourra obtenir de Michael Haydn qu’il rejoigne Joseph.
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Les retrouvailles contemporaines entre les deux frères, Joseph et Michael Haydn, se font donc au concert, ici confiées à Zsolt Kalló et la Capella Savaria, orchestre spécialisé dans la reconstitution historique de la musique, notamment par l’usage des instruments d’époque.
Au cours du programme, les œuvres de chacun s’alternent, permettant au public de relever plaisamment les points communs et les différences (comme on s’amuse à distinguer deux frères sur des photos d’époque). Le programme est construit en miroir, avec un équilibre et une égalité totale entre les deux frères, sans favori en apparence… ou presque – car après tout, le concert s’achève avec élan sur une symphonie de Joseph Haydn, où les musiciens capturent avec entrain tout le dynamisme et l’élan de la fin de l’œuvre. C’est d’ailleurs la meilleure partie du concert, celle où l’orchestre propulse ses couleurs pour partager la musique avec le public, dans un moment, pourrait-on dire, lui-même fraternel. Ayant composé sa Symphonie n°37 en sol majeur en introduction à la Symphonie n°25 de Michael Haydn, Mozart fait lui aussi une petite incursion au programme et rééquilibre les héritages entre les deux frères.
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Des retrouvailles en musique
Il faut dire que jusqu’au Finale, l’interprétation se sera rarement emportée, si ce n’est pour participer à l’exigence rythmique de la musique lorsqu’elle s’accélère (on aurait aimé un peu plus d’entrain et de stimulation entre les pupitres, quitte à ce qu’ils se chamaillent même un peu, comme le font des frères pour mieux se réconcilier). C’est dans ces instants que la Capella Savaria révèle ses couleurs, soutenues avec précision par une coordination travaillée, faisant résonner la belle sonorité des instruments d’époques. Le jeune frère Haydn semblerait presque devenir le cadet de leurs soucis, les musiciens marquant trop les temps longs, malgré la direction de Zsolt Kalló, fluide et nette.
Ce n’est pas la bonne volonté qui manque pourtant, les musiciens échangeant entre eux et avec le public des sourires confraternels dans ce concert applaudi avec éclat. Au bout du compte, le plaisir est bien présent et même doublement : celui de la musique, celui des retrouvailles de ces deux frères Haydn.