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Entre fougue et raffinement au Théâtre des Champs Élysées

COMPTE-RENDU – Jeudi 23 novembre, l’Orchestre de Chambre de Paris, sous la direction de Matthias Pintscher, a jeté un pont entre les rives du Danube et celles de la Seine : aux Masques et Bergamasques de Gabriel Fauré a répondu l’éblouissante Symphonie Concertante de Mozart en première partie. Tout l’honneur est allé à l’Héroïque de Beethoven, dans la deuxième partie du concert, exécutée alla marcia et prestissimo !

Des accents d’une inimitable finesse

Il n’est pas rare que les programmes de concert associent l’esthète parisien que fut Gabriel Fauré, à cheval entre deux siècles, au compositeur viennois de la Quarantième Symphonie : tous deux furent enfants prodiges et prodiguèrent à leur musique les accents d’une inimitable finesse, à la fois splendidement classique et irréductiblement moderne.

Gabriel Fauré, masques et Bergamasques – Orchestre du conservatoire de Rostock, direction Dmitry Krasilnikov

Mais ce ne sont pas le Fauré et le Mozart de leurs Requiem respectifs qu’ont voulu nous faire entendre Matthias Pintscher et l’Orchestre de chambre de Paris, jeudi soir, au Théâtre des Champs Élysées. Avec les Masques et bergamasques du premier, ils nous ont plongés dans l’atmosphère très Commedia dell’arte des divertissements galants de l’aristocratie d’Ancien Régime : en 4 tableaux, du Menuet à la Pastorale, on entre à pas feutrés dans une atmosphère tamisée et mystérieuse, que les cordes de l’orchestre introduisent avec un talent certain. Comme si le rideau allait se lever, nous croyons voir apparaître les soupirants et libertins acteurs d’une fête galante, sous la frondaison bucolique d’un bosquet de Watteau… La suite est impeccablement menée par le chef Matthias Pintscher, qui a dirigé pendant dix ans l’Ensemble Intercontemporain.

A lire également : Standing ovation pour le dernier concert de Matthias Pintscher à la tête de l’Ensemble intercontemporain

La subtilité humble et raffinée de cette suite souriante devait naturellement nous conduire du mélancolique clair de lune de ces Masques et Bergamasques à l’éclat solaire de la Symphonie concertante pour violon et alto. Une tonalité noble et éclatante : le Mi bémol Majeur, parfaitement classique, parfaitement expressif, parfaitement mozartien ! Les deux solistes de l’Orchestre de chambre de Paris, Deborah Nemtanu au violon et Jossalyn Jensen à l’alto, ont bien su rendre le ton assuré et majestueux du premier mouvement, avec une complicité toute radieuse : les deux instruments se répondent avec joie, reprenant les thèmes l’un de l’autre, jusqu’à la cadence, moment d’extase à deux voix, comme dans les grands duos des opéras de Mozart. Avec l’Andante, le chant joyeux se transforme en bouleversement dramatique pur.

Jean-Sébastien Bach, concerto pour violon en la mineur – Deborah Nemtanu, violon, Orchestre de chambre de Paris, direction Sir Norrington

Quelques choix de direction ont cependant pu paraître étonnants : un goût pour le rubato un peu trop prononcé, conjugué à un manque de nuances dans l’Andante… qui n’ont rien enlevé à la belle prestation des deux solistes, et à leur capacité de surprendre le public ! Ainsi, intervertissant leurs instruments avec un humour non dissimulé, elles ont interprété une Invention de Bach, qui avait été transposée pour l’alto et le violon. Dans ce mariage harmonieux à deux instruments des deux lignes du contrepoint, elles ont peut-être livré le moment le plus ravissant du concert.

Du raffinement à la fougue…

Passant de la Symphonie Concertante à l’Héroïque, l’entracte nous a fait changer d’univers. Avec la Troisième Symphonie de Beethoven, nous avons atterri bien loin des chatoiements tamisés des bergamasques de Fauré, mais au milieu d’un océan de couleurs romantiques, soutenues par les bois, les cuivres, et l’irréductible scansion des temps effectuée par les violons.

Précis, régulier, efficace, l’Orchestre s’est plongé dans la fougue beethovénienne avec une ardeur admirable… Un peu trop, peut-être ? On peut, une fois encore, s’étonner des choix faits par la direction d’orchestre : dans un élan immodérément audacieux, le tempo excessif n’a, dans les premier et quatrième mouvements, pas offert le temps d’une seule respiration. On en ressort le souffle court, tout comme le chef d’orchestre, qui fut aussi pressé de quitter la scène qu’il n’avait avec hâte interprété sa symphonie ! Une Héroïque empressée, donc, à la mesure de celui à qui elle était initialement destinée : Napoléon !

Demandez le programme !
  • Fauré  Masques et Bergamasques, suite d’orchestre op. 112
  • Mozart  Symphonie concertante K. 364
  • Beethoven  Symphonie n° 3 op. 55 « Héroïque »
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