CONCERT – Proposer un spectacle mêlant conte et belle musique, susceptible de plaire tant aux adultes qu’aux petites têtes blondes ? Défi relevé par l’Opéra de Vichy, avec une œuvre aussi dynamique que ludique et féerique, idéale pour parler à toutes les générations : le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns. Allez hop, tous en selle !
L’Opéra de Vichy est très à cheval sur ses principes. La culture oui, mais en grand, et ouverte à tous les publics ! Alors nombreux sont, chaque année, les spectacles largement ouvert aux plus jeunes, venus avec leur classe ou en famille, pour découvrir l’immense salle jaune Art Nouveau de la cité thermale, et trouver de quoi ravir leurs mirettes et leurs oreilles. Et cette fois-donc, c’est carnaval avant l’heure. Celui des animaux en l’occurrence, mis en musique par Saint-Saëns et ici confié aux bons soins d’instrumentistes chevronnés et d’une conteuse hors pair. Les premiers sont ceux de l’Orchestre national de Lyon, rien de moins ; la seconde est Elodie Fondacci, voix radiophonique bien connue des amateurs de musique classique, qui signe elle-même l’adaptation de textes ici guidés par un seul but : faire rire les enfants. Comme des baleines, évidemment…
La poule fait le coq !
Ainsi, d’un chapitre à l’autre, et alors qu’il s’agit à jardin comme à (basse) cour de se préparer pour l’heure du bal, voici parader un lion à la crinière dodelinante, un poisson-chat déguisé en souris, un anchois pizzaïolo, et même un âne en bonnet d’homme pour mieux faire rire la fermière compagnie. Et puisque le choix du costume se fait à plume levée chez les volatiles, la poule est une starlette à lunettes extravagantes ! Elle fait le coq… C’est dire, entre caquètements et gloussements, s’il y a de l’animation dans ce joyeux carnaval qui se déroule devant des enfants enchantés, surtout quand aux bons mots se joint une musique des plus entraînantes venue décrire ici la volière, plus loin l’aquarium (un thème bien connu des cinéphiles), ou cette savane dont le lion s’est depuis longtemps fait le roi.
Mais au fait, qu’est ce qui fait le sel de cette musique où les animaux « bourdonnent sur des rythmes de foxtrot » ? Alors, on donne sa langue au chat ? Bon, il y a là des gammes ascendantes et descendantes, des trilles, des motifs répétés à la pelle, et surtout des jeu de nuances propres à décrire tant la majesté des fauves que la discrétion des tortues. Le tout idéalement restitué par des instrumentistes avançant non à pas d’éléphant, mais comme des coqs en pâte. Les cordes peignent avec élan la marche des fauves, les contrebasses celle des pachydermes, les vents imitent gaiement le coucou, un xylophone parodie une marche de dinosaures sur l’air d’« Ah vous dirai-je maman » (mais oui !). Et que dire de ce thème, si fameux et touchant, d’un cygne flottant au-dessus des eaux par la grâce du violoncelle.
Piano à queue de pie
Et puis il y a les pianistes, des animaux comme les autres puisqu’ils ont des queues de pie ! Là, deux jeunes solistes voués à être connus comme le loup blanc, prennent la partition par les cornes pour en extraire toute la substantifique moelle. D’un côté, Pierre-Yves Hodique, de l’autre Pierre Thibout, et entre eux une matière sonore comme un voyage à travers la jungle et la canopée. Variation de nuances, diversité de tempo, folle gymnastique des deux mains et surtout totale coordination, entre eux et avec tout l’orchestre conduit par Jennifer Gilbert. Tout concours à faire de ce carnaval la plus belle des fêtes.
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Alors, après avoir aussi eu la chance de découvrir en apéritif une symphonie attribuée à Léopold Mozart (le père de), une Symphonie des Jouets où appeaux, sifflets et tambours règnent en maître, le public ne peut qu’applaudir des artistes eux aussi retombés en enfance le temps d’une douce parenthèse. Et les enfants de repartir en se disant que la musique classique, ça peut aussi être… chouette !
Demandez le programme !
- L. Mozart (attribué à) – Symphonie des Jouets
- C. Saint-Saëns – Carnaval des Animaux
